Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 juillet 2009 2 28 /07 /juillet /2009 12:39

          Le judaïsme, le christianisme et l’islam, trois religions monothéistes, nées au coeur du Proche-Orient se caractérisent par l’accueil d’une révélation médiatisée par des hommes qui se sont présentés comme les «porte-voix» de Dieu. Ces personnes sont appelées «prophètes». Qu’il s’agisse des propos d’Abraham, de Moïse, de Jésus ou de Mohammed, tous peuvent être teintés de douceur lorsqu’il s’agit de parler de la tendresse de Dieu.

         
          Seulement nous retrouvons également des paroles rugueuses lorsqu’ils se sentent investis d’une mission de réveil, d’avertissement, de rassemblement des hommes pour leur retour dans une voie droite. Des exemples sont donnés dans la dénonciation de l’idolâtrie, l’adoration, la soumission à tout ce qui n’est pas Dieu. Ils ont abandonné leur sécurité, risqué leur vie, accepté de se faire des ennemis, crié contre l’injustice, défendu le pauvre et l’orphelin.  Dans les sociétés dans lesquelles ils sont apparus, ils se sont vite révélés comme étant des «trouble-fêtes», des contestataires de l’ordre (du désordre) établi. Tout particulièrement, ils se sont retrouvés en porte à faux avec les hommes de religion, tous les fonctionnaires du sacré qui avaient pu s’approprier les affaires de Dieu, en tirer profit financier et pouvoir pour eux-mêmes.  Ils ont été aimés par les uns, haïs par les autres par leur volonté de tout subordonner à une parole de vérité. Le prophétisme, ainsi, est incontestablement de nature subversive. Il est, par essence, le contraire du conservatisme.


          Pourtant, toutes les religions prophétiques ont dû s’institutionnaliser afin de s’inscrire dans la durée. Dès lors, la «subversion prophétique» a été canalisée, devenant moins opérante. Elle ne disparaît pas pour autant car étant à la racine même des trois religions révélées, elle ne peut être réduite au silence. Même si elle s’est retrouvée sous le contrôle des clercs, prêtres ou savants, elle n’a cessé de réapparaître sous des formes diverses dans les sociétés  «du Livre». Pour les Musulmans, le temps prophétique  a trouvé sa clôture avec la mission de Muhammad, «sceau des prophètes».


          La dynamique contestatrice ou protestatrice des prophètes resurgit sans cesse, qu’elle s’exprime sous des formes admirables ou perverses. Si les prédicateurs islamistes sont entendus, c’est peut-être parce qu’ils savent se saisir de cette subversion, savent la réactualiser tout en la détournant souvent au profit de constructions idéologiques ou d’une soif de pouvoir. Au risque, donc, de voir un jour la «subversion prophétique» se retourner contre eux aussi.

Partager cet article
Repost0

commentaires

L
<br /> Merci pour ce rappel de l'importance du prophétique. Ce que dit Rachid me frappe à chaque fois que je travaille sur le livre d'Esaïe. Esaïe dénonce les injustices des riches, la corruption des<br /> juges. Il met en garde le roi : rien ne sert de passer des alliances avec la Syrie ou l'Egypte contre l'Assyrie, il faut d'abord compter sur Dieu. Cela reste d'actualité : quelles sont les<br /> puissances auxquelles nous faisons à tort confiance pour nous sauver ?<br /> Ce qui apparait - d'abord dans Samuel I avec le binome du prophète Samuel et du roi Saül - c'est justement qu'à partir de ce livre se met en place un couple prophéte-roi. Le prophète a le rôle<br /> insitutionnel de critiquer, ce qui théoriquement - mais ce n'est pas toujours le cas - lui garantie de ne pas être poursuivi pour ses critiques. Qu'est-ce qu'une prophétie institutionnelle ?<br /> Peut-elle rester subversive ? Peut-on penser une prophétie ET institutionelle, ET subversive ?<br /> Quand Noël Mamère célèbre le mariage de Bègles, il ne fait pas seulement de la subversion en utilisant ou détournant l'institution, il institue quelque chose qui change par en dessous, pour<br /> l'élargir, le rendre plus vivant, le mariage, il institue dans l'instituion de manière subversive. Négativement, dans l'actualité plus récente, on pense à la suppression du poste de médiateur des<br /> enfants ou à la réduction du rôle de la CIMADE dans les centres de rétention. Là, le roi semble avoir du mal à tolérer longtemps une prophétie institutionalisée qui reste subversive... comme Mamère<br /> fut menacé de poursuite.<br /> Et pourtant, n'y-a-t-il pas là un une figure à creuser et à défendre, celle d'une prophétie institutionnelle et subversive, en essayant de ne pas opposer les dimensions subversives et<br /> institutionelles, mais comment elles sont en même temps complétement subversive et complétement institutionnelle, comme le subversif pourrait favoriser l'insitutionnel et inversement. Pour avancer<br /> quelque chose que je propose dans le manuscrit que je viens de rendre à Textuel sur La décroissance, il y a là la recherche, plutôt que d'une synthèse, ou seulement d'une tension entre deux poles,<br /> la recherche d'une "composition" de pôles (ça marche mieux avec plus que deux pôles), où chacun joue son rôle de manière à la fois complémentaire, en tension, se poussant l'un-l'autre,<br /> s'approfondissant par sa différence et/ou sa proximité...<br /> <br /> <br />
Répondre

Proposition

          De la folie d'amour, qu'est-ce qu'on a fait ? Cette fadeur qui nous étouffe et qui nous tue. Il faut que cela cesse. Il nous faut vivre éternellement la grâce et ne plus avoir peur. Toujours être pour l'autre ce que l'on est vraiment. Ne pas dire non, jamais. Et puis s'abandonner, brûler de tous les feux ; à en mourir. Et en mourir. De l'énergie qui en découle créer le beau. Sans concession, s'abandonner à l'autre. Émouvoir la nature au point de la faire suffoquer peut-être.
          Car enfin, pourquoi donc on s'obstine à dire que l'on ne s'aime pas ? C'est quoi ce besoin de pleurer seul, cette peur ? C'est le mystère.
          On meurt des temps figés, des questions inutiles, des engagements faciles. Mais rien n'empêchera jamais les méchants d'être méchants, la bête immonde d’être à certains vitale, le malsain d'être immuable. L'arme absolue ne combat plus que l'innocence et, pacifiés, nous sommes l'agneau face au couteau.
          C'est la mélancolie qui nous sauvera, un jour, tout à la fin, de tout ce miasme incohérent et sans visage, de cette horreur qui fait pleurer, de cette souffrance. C'est de cette paix qu'il nous faut, le coeur attendri de soi-même et des autres, de cet appel où tout s'effondre pour renaître.

Rechercher

Catégories